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Histoire de la Duchesse de Narbonne-Lara

10 mars 2010

La Duchesse de Narbonne-Lara

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Je suis née à Paris l’année 1786 le 25 mai. Mon père était le Comte Louis de Narbonne-Lara né en 1755 à Parme le 11 Août. Il était fils du Duc et de la Duchesse de Narbonne-Lara connus sous le nom de Seigneurs d'Aubiac en Gascogne. A la naissance mon Grand-père était premier gentilhomme de la chambre de S. Altesse le Grand Duc de Parme, et ma Grand-mère, Dame de compagnie de la Grande Duchesse.

Ils eurent plus deux autres fils un mort en bas âge, et l’autre aîné de mon père de cinq ans, qui a été aussi Duc de Narbonne, et est mort l’année 1836. Il fut marié à Mademoiselle de la Roche-Aymond morte à l’âge de 88 ans le 12 Avri11838. Ma mère est née la 11 Octobre 1767; mon Père était Mr. de Montholon premier Président à la cour du Parlement de Metz, et sa Mère, qui n’a jamais eu d’autres enfants, était Mademoiselle Fournier de La Chapelle née à St. Domingue; ou elle avait une fortune considérable.

Ma Grand-mère la Duchesse de Narbonne était Mademoiselle de Chalux de Riom en Auvergne, et comme on disait que Sainte Amable était de sa famille, elle suivait la châsse de la Sainte, dans la procession en surplis comme les chanoines, et avait place comme eux dans la cœur de l’Eglise c'est aussi d’après cela qu’à ma naissance ma Grand-mère étant ma Marraine la ville de Riom a demandé à me tenir sur les fonds de Baptême; elle a été représentée par Mr. François de Chabord, Seigneur de Bauregard, Président et lieutenant Général criminel en La senechausse d'Auvergne.

A la mort de Madame La Duchesse de Parme, ma Grand-mère passa à la demande de Madame Adélaïde de France sa sœur, à être sa Dame d'Atours, et ensuite sa Dame d'Honneur, elle vécut toujours dans la plus grande intimité de la Famille Royale qui la comblait de bonté; particulièrement Madame Adélaïde et Mr. le Dauphin son frère; elle ne se soumit jamais à rien qui lui paru au dessous, d'elle, sa faveur lui ayant attiré des envieux elle sut que Louis quinze eut pendant quarante-huit heures une lettre de cachet dans sa poche pour lui remettre afin de l’éloigner de la cour, mais il finit par dire, que n'en avait pas le courage. Ma Grand-mère obtint pour un de ses Beaux-frères l’Evêché d’Evreux et il fut nommé Aumônier de Madame Victoire de France, l’autre l’Abbé de Narbonne eut un bon bénéfice;  une Belles-sœurs fut Abesse de Remiremoz et l’autre épousa le Comte de Montesquieu Fezensac, Grand-père du Duc actuel.

 

Mon père fut nommé, au moment de son mariage, chevalier d’honneur de Madame Adélaïde et ma Mère Dame de compagnie de Madame Victoire.

Lorsque la révolution française éclata Mesdames Adélaïde et Victoire, Tantes du Roi Louis seize, tourmentées pour leurs opinions religieuses se décidèrent à partir pour Rome au mois de février de 1791.

Mon Père les y accompagna, et revint en France, ma Grand-mère qui était auprès de Madame Adélaïde ne le quitta jamais, et ma Mère Qui se trouvait au moment du départ de Mesdames, à Bordeaux pour ses affaires, fut les rejoindre directement à Rome, oú elle me retrouva également, avec ma Grand-mère. Ma Sœur, plus jeune que moi de quatre ans, resta à Paris, en nourrice. Le 6 décembre presque au début de l’Assemblée Constituante, mon Père fut nommé Ministre de la Guerre, et eu sa démission le 10 Mars 1792;  il s'éloigna de Paris et se rendit à L’armée. Il en revint, rappelé par le Roi, et était depuis trois jours à Paris lorsque le 10 août survint, et aussitôt sa tête fut mise à prix; il échappe aux recherches qu'on fit de lui et parvint à passer en Angleterre. Pendant le procès du malheureux Louis seize, mon père proposa de revenir à Paris (s'il pouvait obtenir un sauf conduit) pour que lui et ses collègues du Ministère vinssent prendre La responsabilité de leurs actes. Il en écrivit à Mr. de Malesherbes, mais cela lui étant refusé il fit parvenir à l’ Assemblée un Mémoire justificatif de Louis seize pour lequel le Roi lui fit adresser des remerciements. Pendant l’époque de la Terreur, mon Père ne pouvant avoir aucune communication avec La France, et mes Grands-pères Narbonne et Montholon étant en prison, l’un à Paris l’autre à Toulouse, ma sœur resta à la merci de la générosité d'une balayeuse du Palais de Bellevue qui ne craignit pas de s’en charger, La voyant abandonnée comme fille d'Emigré; elle la réclame comme sa fille et l’excellente femme et son mari avaient une telle tendresse pour ma soeur qu'il fallut à la sortie de prison de mes Grands-pères qu'ils employassent les Autorités pour les forcer à leur rendre leur petite fille.

Mesdames restèrent à Rome jusqu’en 1798, les armées françaises étant entrées en Italie, et beaucoup d'agitation se manifestant, elles se rendirent à, Caserte où elles furent reçues avec toutes les recherches possibles par La famille Royale. Le Roi fit préparer le vieux Palais pour elles et leur suite, qui était encore nombreuse. Mesdames espéraient y terminer leurs jours; mais après y avoir passé 18 mois elles reçurent de Naples un courrier qui les prévenait que par suit des nouvelles de la marche de l’armée française et de la révolte des peuples, la famille Royale s'embarquait pour se rendre à Palerme.

Le Roi proposait à Mesdames de venir le joindre pour le suivre, mais les prévenait qu'il n'avait à leur disposition que peu de places, et leur laissait le choix de se rendre à Monfredonne où elles trouveraient un Bâtiment de guerre entièrement à leur disposition pour les mener où elles préféreraient. Elles choisirent cette dernière proposition, ne voulant pas se séparer des personnes qui leur étaient resté dévouées. Lorsque Mesdames arrivèrent à Monfredonne après avoir beaucoup souffert de la rigueur de la saison et éprouvé beaucoup de craintes par l’état de fermentation où étaient tous les lieux où elles passaient, elles ne trouvèrent pas le vaisseau qui leur avait été annoncé; elles l’attendirent inutilement, et par suite des craintes que leur donnait l’avancement des troupes françaises, elles se décidèrent à s’embarquer dans une barque de pêcheur où elles et leur suitepouvaient à peine se remuer. Obligés d'entrer à Bari par la violence de la tempête, nous eûmes la frayeur de sentir couper les câbles de notre faible barque; pendant la nuit tandis que le tocsin sonnait à force dans la Ville qui était en pleine insurrection.

 

Le temps heureusement s'était calmé, nous pûmes remettre à la voile et nous arrivâmes à Brindisi sans nouveau malheur. Mesdames expédièrent un courrier à Courfou ou étaient réunies les flottes Turques et Russes, pour demander des transports. En attendant, les malheureuses Princesses dont l’aînée était très souffrant d'un cancer, n'osèrent pas débarquer; nous étions plus de trente personnes à bord les unes sur les autres allant à terre pendant la journée mais revenant nous entasser dans notre triste gîte pendant les nuits. Ce ne fût qu'au bout de 22 jours, que nous vîmes, à notre grande joie, paraître une frégate Russe et un Brique Turc. Mesdames passèrent de suite à bord de la frégate, et dans la même matinée un petit corsaire français qui venait pour s'emparer de notre misérable barque, fût capturé par le bâtiment Russe. Nous nous mîmes à la voile le lendemain et eûmes une suite de mauvais temps continuel, puis en apercevant un Bâtiment de guerre notre capitaine, qui n'était pas muni de tous les signaux nécessaires crû reconnaître qu'il était Français, et quoique pas en état de soutenir la lutte il se dispose à se défendre et fil descendre tous les passagers à fond de cale. Cette impression fût telle pour la pauvre Madame Victoire qu'elle perdit le reste de ses forces et ne quitta plus son lit. Cependant quelques coups de canon se tirèrent mais heureusement le vent étant devenu favorable pour nous éloigner, le Commandant en profita. Nous fûmes relâcher en Albanie dans le petit port de Durazzo. Notre Commandant y ayant demandé des réparations parce que le fort n'avait pas répondu au salut de la Frégate... l’excuse fût que le Commandant du fort était absent et avait emporté la clef du magasin à poudre. Notre entrée fût un grand événement;  il y avait quarante ans qu'on ne voyait dans ce port aucun Vaisseau de Guerre. Nous en partîmes de suite et deux jours après nous arrivâmes à Corfou. Deux Escadres, l’une Russe, l’autre Turque rendaient l’aspect de la rade imposant. En même temps que nous, entra aussi le Bâtiment que l’on avait supposé français et voulant nous capturer; il était au contraire à la recherche de Mesdames pour les secourir et envoyé par la Cour de Naples qui l’avait demandé au Marquis de Niza Commandant l’Escadre Portugaise qui était stationnée à Palerme. Le Bâtiment était La Reine de Portugal... Qui eu dit à cette époque à ma famille et à moi que j'aurais épousé un Portugais et que nos filles se seraient mariées à des Neveux du Marquis de Niza ? Au bout de 42 jours de séjour à bord nous eûmes la jouissance de nous trouver à terre, mais dans une Ville qui ayant supportée un des sièges les plus affreux ne présentait qu'un aspect de ruine de dévastation et de misère.

Madame Victoire à peine débarquée fût au plus mal, et reçu tous ses sacrements; malgré cela peu de jours après sa sœur Madame Adélaïde fût obligée de prendre la triste résolution de se remettre à bord avec elle sur le Bâtiment Portugais. Les Escadres Russes et Turques ayant eu l’ordre de se rendre à Ancône, et l’état du pays ne permettant pas de rester après leur départ. Nous partîmes donc pour Trieste accompagnés d'une Frégate Russe et d'un Brique Turc. Dansnotre traversée nous éprouvâmes plusieurs accidents qui pouvaient nous être funestes mais nous arrivâmes cependant à bon port.

L’état de Madame Victoire ayant empiré de jours en jours, elle finit par succomber tout à fait à ses souffrances et expira l’année 1798. Neuf mois après en 1799 Madame Adélaïde termine aussi sa carrière... Ma Grand-Mère ne pouvant pas se résoudre à se séparer du tombeau de Celle qui avait été pendant autant d'années sa bienfaitrice et son Amie, fixa sa résidence à Trieste avec ma Mère et moi.

En 1805, mon Grand-Père le Duc de Narbonne qui insistait depuis long-temps pour que nous allions le rejoindre dans son Château d'Agen ou il habitait, devint encore plus pressant; ma Grand-Mère ne se sentant pas 1e courage d'entreprendre le voyage exigea de ma Mère qu'elle partit avec moi craignant que mes intérêts ne vinssent à souffrir dans La suite d'une plus longue résistance à la volonté de mon Grand-Père. Ma Mère et moi nous partîmes au mois de Mai, ayant donné rendez-vous à mon Père et à ma Sœur que je ne connaissais pas, ce qui lui arrivait également pour ma Mère et pour moi. Notre point de réunion fut à Lyon. Il est impossible de décrire ce que nous éprouvâmes tous les quatre, mais malheureusement pour moi je ne connu le plus aimable des Pères que pour avoir à le regretter sans cesse jusqu'à ce que l’ai eu le malheur de le perdre. Mon Père ayant reconnu dans Mr. Herman de Braamcamp toutes les qualités que jointes à sa fortune lui faisait désirer que je l’épouse, l’engage à venir à Lyon pour savoir si nous nous conviendrions réciproquement. Notre consentiment ayant été donné, Mr. de Braamcamp fut en Suisse y attendre de sa famille de Lisbonne les papiers nécessaires pour conclure notre mariage.

Mon Père, ma Mère, ma Soeur et moi nous nous mîmes en route pour le Languedoc et arrivâmes à Agen près de mon Grand-Père qui malgré son âge avancé conservait son activité et toute la force de son caractère. Mon Père nous quitte de nouveau pour se rendre à Paris, et revint les premiers jours de Février 1806 avec Mr. de Braamcamp.

Le 17 mon mariage fut célébré à Agen par l’Evêque ;  peu de temps après je partis pour le Portugal et mon Père nous accompagna jusqu'à Bordeaux, mais comme j’y tombais gravement malade ma Mère et ma Sœur m'y vinrent rejoindre et y restèrent jusqu'à mon départ qui eu lieu au commencement d'Avril. Nous travessâmes l’Espagne, séjournâmes quelques jours à Madrid et suivîmes notre route pour Lisbonne, où j’arrivais le 18 Mai après une traversée du Tage bien pénible. Je fûs reçu par toute ma nouvelle famille avec toute la recherche et l’amabilité possible. Le même jour de notre arrivée, nous fûmes coucher à notre Maison de campagne à Luz, ou nous nous fixâmes, ne voulant pas déranger la Grand-Mère de Mr. de Braamcamp qui habitait notre maison du Calhariz. nous eûmes le chagrin de perde cette vertueuse et estimable dame le 19 Décembre 1807, et le 19 du même mois, l’armée française entra à Lisbonne; le départ du Roi Jean VI pour le Brésil ayant eu lieu quelques jours auparavant. Mon Mari ayant été nommé, comme propriétaire, de la Députation qui devait se rendre en France, nous nous empressâmes de partir à la fin d’Avril 1808 quoique je fusse grosse de sept mois, nous trouvâmes heureux d'échapper par ce moyen àtoutes les persécutions et désagréments qu'entraîne l’occupation d’un pays par des troupes étrangères. Ma Belle-Soeur Madame de Mello nous accompagna. Nous traversâmes l’Espagne faisant le voyage de la manière la plus pénible, tous les gîtes étant occupés par les troupes.

Nous passâmes à Madrid le jour de l’abdication de Charles IV et rencontrâmes Murat le lendemain qui devait y faire son entrée.

Arrivés à Bayonne nous profitâmes de l’amitié de mon Père avec Mr. de Taleyrand alors Ministre des Affaires Etrangères de Napoléon pour obtenir de nous rendre de suite à Paris, et ne pas attendre l’Empereur à Bayonne ce qui fit que le nom de Mr. de Braamcamp ne figura jamais avec les autres des députés qui avaient été envoyés de Portugal pour demander un Roi de la famille de Napoléon.

Nous arrivâmes enfin à Paris et y retrouvâmes avec un grand bonheur mon Père, ma Sœur déjà mariée à Mr. de Rambuteau, et ma Mère vint également m'y rejoindre. Peu après le 3 Juin 1808 je jouissais du bonheur d’être Mère pour La première fois. Ma fille Adélaïde fut baptisée le lendemain de sa naissance, sa Marraine était ma Grand-Mère de Narbonne qui envoya sa procuration à ma Belle-Soeur, et son Parrain mon Beau-père, envoya la sienne à mon Père. Après que je relevais de couches, ma Mère nous quitta, et je ne l’ai plus revue...

A peu près à cette époque le Ministre de la Guerre, Clark ensuite Duc de Feltre propose à l’Empereur de rendre à mon Père son grade de Lieutenant Général, et de l’employer militairement. Il fût appellé à Vienne au quartier général et ce fut là, sa première entrevue avec l’Empereur Napoléon. Mon Père fut ensuite nommé Gouverneur de Raab jusqu’à la paix de Schoenbrun, puis de Trieste, où il retrouva sa Mère et la détermina à rentrer en France. Bientôt après il fut nommé Ministre plénipotentiaire près le Roi de Bavière.

A son retour à Paris, en congé, l’Empereur le fit son Aide-de-Camp, et ce fut à cette époque que ma Grand-Mère arriva à Paris.

En 1812 il fit toute la Campagne de Russie et en soutint les fatigues avec un courage et une présence d'esprit admirable.

Cette même année, le 2 Octobre, naquit ma seconde fille Louise ; elle fut ondoyée et baptisée lors du retour de mon Père à Paris; c'est lui qui fut Parrain et ma Belle-Mère sa Marraine, qui signa peu de jours avant sa mort sa procuration pour ma Belle-Soeur.

Au commencement de l’année 1813 mon Père fut nommé Ambassadeur à Vienne; il insistait beaucoup pour que nous allions l’y rejoindre; celà décida mon mari à passer en Angleterre pour être plus à portée de recevoir des réponses de son Gouvernement et tâcher d’obtenir l’authorisation que nous désirions. Cette demande de Mr. de Braamcamp ne s’effectua que par le crédit de mon Père, et encore fallut-il me laisser à Paris pour ôtage car il était alors expressément défendu en France à tout étranger de retourner dans son pays.

Ma Belle-Mère étant morte à cette époque ma Belle-Soeur partit avec son frère pour Londres afin de retourner de là en Portugal où sa présence était nécessaire auprès de son Père.

Mon mari ayant apprit à Londres qu’il y avait des craintes d’un renouvel-lement de guerre entre la France et l’Autriche revint de suite à Paris. Là nous apprîmes bientôt successivement les nombreux malheurs qui se suivirent de la guerre.

Mon Père fût nommé à Prague bien inutilement pour négocier la paix... Enfin envoyé à Torgau il y succombe après une chute de Cheval au zèle qu’il mettait à visiter les malades enfermés dans la place.

Ce fut de 17 Novembre 1813 que j’eus le malheur de le perdre. Nous restâmes à Paris jusqu'en 1814 et nous y trouvâmes toutes les inquiétudes d’un siège. De ma fenêtre je vis un boulet de canon passer sur le toit de notre maison. Ensuite nous y vîmes encore l’entrée, Louis XVlII et partîmes après pour Calais, Douvres et Londres: nous y assistâmes à toutes las fêtes que l’on donna aux Souverains Alliés. Nous fîmes ensuite une excursion très agréable dans les environs et partîmes après pour Lisbonne où nous arrivâmes les premiers jours de Septembre. Je me retrouvais avec plaisir dans la famille de mon Mari. Nous nous établîmes dans notre maison de Calhariz ou pendant plusieurs années nous menâmes une vie très tranquille, mon Mari et moi occupés de l’éducation de nos deux filles.

En 1820 Mr. de Braamcamp fût tiré de sa retraite par l’acclamation publique pour venir prendre part à tous les évènements politiques qui se sont suivis; depuis ce moment il eu différents emplois et fut alternativement loué et blamé selon les opinions de chacun, mais s’appliquant toujours avec une conscience droite et le plus grand zèle, à faire ce qu'il croyait son devoir et le bien de son pays.

En 1821 je perdis ma respectable Grand-Mère de Narbonne qui mourut à Paris agée de 87 ans.

Mon mari eu le titre de Baron de Sobral avant la mort de son Père qui mourut au mois d'Août 1828. Ses différents emplois publiques fûrent d'abord en 1820 et 1821 Ministre des Affaires Etrangères et député des Cortes Extraordinaires.

En 1826, sous la Régence de l’Infante D. Izabel Maria, il fût Ministre des Finances, ayant déjà refusé de l’être 3 ans auparavant sous le règne du Roi D. Jean VI parce que le système du Gouvernement d’alors n'était pas selon ses idées. Après le retour de l’Empereur D. Pedro, sous le règne de S. M. La Reine D. Marie II, Mr. de Sobral a été successivement Député, Sénateur, Pair, Vicomte, Comte et enfin Conseiller d’Etat effectif car il l’était déjà honoraire, depuis l’année 1827. Cette dernière grâce lui a été conférée le 24 Décembre 1845 et le premier Février, jour à jamais fatal por moi, une attaque affreuse d'apoplexie est venue mettre terme à la vie la plus vertueuse et la plus honorable possible; et me plonger ainsi que mes filles dans une douleur qui ne peut avoir de terme qu'avec ma vie.

A toutes les grâces que leurs Magestés l’Empereur et la Reine ont daigné conférér à Mr. de Sobral, je dois ajouter celle que j'ai reçue ayant été nommée Dame, le 8 Juillet 1834.

 J'oubliais de dire à propos de ma Grand-Mère que pour être nommée Dame d'honneur de Madame Adélaïde comme il fallait qu’elle eut le titre de Duchesse,on lui donna à choisir que mon Grand père eut le titre de Duc héréditaire, ou qu’il fût nommé Grand d’Espagne, ce qu’elle préféra parce que le titre de Grandesse donne les honneurs de Ducs à La Cour de France et est réversible aux femmes. Mon oncle lui a succédé et au sacre de Charles X ce dernier Duc de Narbonne-Lara a été invité à y prendre place comme Grand d'Espagne, par l’Ambassadeur d’Espagne, quoique mon oncle n’eut jamais payé les frais d'enregistrement qui sont exhorbitants. Maintenant cet honneur est réversible sur moi.

 

Lisbonne, le 26 Avril 1846.

Comtesse de Sobral 

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10 mars 2010

La Duchesse de Narbonne-Lara

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Je suis née à Paris l’année 1786 le 25 mai. Mon père était le Comte Louis de Narbonne-Lara né en 1755 à Parme le 11 Août. Il était fils du Duc et de la Duchesse de Narbonne-Lara connus sous le nom de Seigneurs d'Aubiac en Gascogne. A la naissance mon Grand-père était premier gentilhomme de la chambre de S. Altesse le Grand Duc de Parme, et ma Grand-mère, Dame de compagnie de la Grande Duchesse.

Ils eurent plus deux autres fils un mort en bas âge, et l’autre aîné de mon père de cinq ans, qui a été aussi Duc de Narbonne, et est mort l’année 1836. Il fut marié à Mademoiselle de la Roche-Aymond morte à l’âge de 88 ans le 12 Avri11838. Ma mère est née la 11 Octobre 1767; mon Père était Mr. de Montholon premier Président à la cour du Parlement de Metz, et sa Mère, qui n’a jamais eu d’autres enfants, était Mademoiselle Fournier de La Chapelle née à St. Domingue; ou elle avait une fortune considérable.

Ma Grand-mère la Duchesse de Narbonne était Mademoiselle de Chalux de Riom en Auvergne, et comme on disait que Sainte Amable était de sa famille, elle suivait la châsse de la Sainte, dans la procession en surplis comme les chanoines, et avait place comme eux dans la cœur de l’Eglise c'est aussi d’après cela qu’à ma naissance ma Grand-mère étant ma Marraine la ville de Riom a demandé à me tenir sur les fonds de Baptême; elle a été représentée par Mr. François de Chabord, Seigneur de Bauregard, Président et lieutenant Général criminel en La senechausse d'Auvergne.

A la mort de Madame La Duchesse de Parme, ma Grand-mère passa à la demande de Madame Adélaïde de France sa sœur, à être sa Dame d'Atours, et ensuite sa Dame d'Honneur, elle vécut toujours dans la plus grande intimité de la Famille Royale qui la comblait de bonté; particulièrement Madame Adélaïde et Mr. le Dauphin son frère; elle ne se soumit jamais à rien qui lui paru au dessous, d'elle, sa faveur lui ayant attiré des envieux elle sut que Louis quinze eut pendant quarante-huit heures une lettre de cachet dans sa poche pour lui remettre afin de l’éloigner de la cour, mais il finit par dire, que n'en avait pas le courage. Ma Grand-mère obtint pour un de ses Beaux-frères l’Evêché d’Evreux et il fut nommé Aumônier de Madame Victoire de France, l’autre l’Abbé de Narbonne eut un bon bénéfice;  une Belles-sœurs fut Abesse de Remiremoz et l’autre épousa le Comte de Montesquieu Fezensac, Grand-père du Duc actuel.

 

Mon père fut nommé, au moment de son mariage, chevalier d’honneur de Madame Adélaïde et ma Mère Dame de compagnie de Madame Victoire.

Lorsque la révolution française éclata Mesdames Adélaïde et Victoire, Tantes du Roi Louis seize, tourmentées pour leurs opinions religieuses se décidèrent à partir pour Rome au mois de février de 1791.

Mon Père les y accompagna, et revint en France, ma Grand-mère qui était auprès de Madame Adélaïde ne le quitta jamais, et ma Mère Qui se trouvait au moment du départ de Mesdames, à Bordeaux pour ses affaires, fut les rejoindre directement à Rome, oú elle me retrouva également, avec ma Grand-mère. Ma Sœur, plus jeune que moi de quatre ans, resta à Paris, en nourrice. Le 6 décembre presque au début de l’Assemblée Constituante, mon Père fut nommé Ministre de la Guerre, et eu sa démission le 10 Mars 1792;  il s'éloigna de Paris et se rendit à L’armée. Il en revint, rappelé par le Roi, et était depuis trois jours à Paris lorsque le 10 août survint, et aussitôt sa tête fut mise à prix; il échappe aux recherches qu'on fit de lui et parvint à passer en Angleterre. Pendant le procès du malheureux Louis seize, mon père proposa de revenir à Paris (s'il pouvait obtenir un sauf conduit) pour que lui et ses collègues du Ministère vinssent prendre La responsabilité de leurs actes. Il en écrivit à Mr. de Malesherbes, mais cela lui étant refusé il fit parvenir à l’ Assemblée un Mémoire justificatif de Louis seize pour lequel le Roi lui fit adresser des remerciements. Pendant l’époque de la Terreur, mon Père ne pouvant avoir aucune communication avec La France, et mes Grands-pères Narbonne et Montholon étant en prison, l’un à Paris l’autre à Toulouse, ma sœur resta à la merci de la générosité d'une balayeuse du Palais de Bellevue qui ne craignit pas de s’en charger, La voyant abandonnée comme fille d'Emigré; elle la réclame comme sa fille et l’excellente femme et son mari avaient une telle tendresse pour ma soeur qu'il fallut à la sortie de prison de mes Grands-pères qu'ils employassent les Autorités pour les forcer à leur rendre leur petite fille.

Mesdames restèrent à Rome jusqu’en 1798, les armées françaises étant entrées en Italie, et beaucoup d'agitation se manifestant, elles se rendirent à, Caserte où elles furent reçues avec toutes les recherches possibles par La famille Royale. Le Roi fit préparer le vieux Palais pour elles et leur suite, qui était encore nombreuse. Mesdames espéraient y terminer leurs jours; mais après y avoir passé 18 mois elles reçurent de Naples un courrier qui les prévenait que par suit des nouvelles de la marche de l’armée française et de la révolte des peuples, la famille Royale s'embarquait pour se rendre à Palerme.

Le Roi proposait à Mesdames de venir le joindre pour le suivre, mais les prévenait qu'il n'avait à leur disposition que peu de places, et leur laissait le choix de se rendre à Monfredonne où elles trouveraient un Bâtiment de guerre entièrement à leur disposition pour les mener où elles préféreraient. Elles choisirent cette dernière proposition, ne voulant pas se séparer des personnes qui leur étaient resté dévouées. Lorsque Mesdames arrivèrent à Monfredonne après avoir beaucoup souffert de la rigueur de la saison et éprouvé beaucoup de craintes par l’état de fermentation où étaient tous les lieux où elles passaient, elles ne trouvèrent pas le vaisseau qui leur avait été annoncé; elles l’attendirent inutilement, et par suite des craintes que leur donnait l’avancement des troupes françaises, elles se décidèrent à s’embarquer dans une barque de pêcheur où elles et leur suitepouvaient à peine se remuer. Obligés d'entrer à Bari par la violence de la tempête, nous eûmes la frayeur de sentir couper les câbles de notre faible barque; pendant la nuit tandis que le tocsin sonnait à force dans la Ville qui était en pleine insurrection.

 

Le temps heureusement s'était calmé, nous pûmes remettre à la voile et nous arrivâmes à Brindisi sans nouveau malheur. Mesdames expédièrent un courrier à Courfou ou étaient réunies les flottes Turques et Russes, pour demander des transports. En attendant, les malheureuses Princesses dont l’aînée était très souffrant d'un cancer, n'osèrent pas débarquer; nous étions plus de trente personnes à bord les unes sur les autres allant à terre pendant la journée mais revenant nous entasser dans notre triste gîte pendant les nuits. Ce ne fût qu'au bout de 22 jours, que nous vîmes, à notre grande joie, paraître une frégate Russe et un Brique Turc. Mesdames passèrent de suite à bord de la frégate, et dans la même matinée un petit corsaire français qui venait pour s'emparer de notre misérable barque, fût capturé par le bâtiment Russe. Nous nous mîmes à la voile le lendemain et eûmes une suite de mauvais temps continuel, puis en apercevant un Bâtiment de guerre notre capitaine, qui n'était pas muni de tous les signaux nécessaires crû reconnaître qu'il était Français, et quoique pas en état de soutenir la lutte il se dispose à se défendre et fil descendre tous les passagers à fond de cale. Cette impression fût telle pour la pauvre Madame Victoire qu'elle perdit le reste de ses forces et ne quitta plus son lit. Cependant quelques coups de canon se tirèrent mais heureusement le vent étant devenu favorable pour nous éloigner, le Commandant en profita. Nous fûmes relâcher en Albanie dans le petit port de Durazzo. Notre Commandant y ayant demandé des réparations parce que le fort n'avait pas répondu au salut de la Frégate... l’excuse fût que le Commandant du fort était absent et avait emporté la clef du magasin à poudre. Notre entrée fût un grand événement;  il y avait quarante ans qu'on ne voyait dans ce port aucun Vaisseau de Guerre. Nous en partîmes de suite et deux jours après nous arrivâmes à Corfou. Deux Escadres, l’une Russe, l’autre Turque rendaient l’aspect de la rade imposant. En même temps que nous, entra aussi le Bâtiment que l’on avait supposé français et voulant nous capturer; il était au contraire à la recherche de Mesdames pour les secourir et envoyé par la Cour de Naples qui l’avait demandé au Marquis de Niza Commandant l’Escadre Portugaise qui était stationnée à Palerme. Le Bâtiment était La Reine de Portugal... Qui eu dit à cette époque à ma famille et à moi que j'aurais épousé un Portugais et que nos filles se seraient mariées à des Neveux du Marquis de Niza ? Au bout de 42 jours de séjour à bord nous eûmes la jouissance de nous trouver à terre, mais dans une Ville qui ayant supportée un des sièges les plus affreux ne présentait qu'un aspect de ruine de dévastation et de misère.

Madame Victoire à peine débarquée fût au plus mal, et reçu tous ses sacrements; malgré cela peu de jours après sa sœur Madame Adélaïde fût obligée de prendre la triste résolution de se remettre à bord avec elle sur le Bâtiment Portugais. Les Escadres Russes et Turques ayant eu l’ordre de se rendre à Ancône, et l’état du pays ne permettant pas de rester après leur départ. Nous partîmes donc pour Trieste accompagnés d'une Frégate Russe et d'un Brique Turc. Dansnotre traversée nous éprouvâmes plusieurs accidents qui pouvaient nous être funestes mais nous arrivâmes cependant à bon port.

L’état de Madame Victoire ayant empiré de jours en jours, elle finit par succomber tout à fait à ses souffrances et expira l’année 1798. Neuf mois après en 1799 Madame Adélaïde termine aussi sa carrière... Ma Grand-Mère ne pouvant pas se résoudre à se séparer du tombeau de Celle qui avait été pendant autant d'années sa bienfaitrice et son Amie, fixa sa résidence à Trieste avec ma Mère et moi.

En 1805, mon Grand-Père le Duc de Narbonne qui insistait depuis long-temps pour que nous allions le rejoindre dans son Château d'Agen ou il habitait, devint encore plus pressant; ma Grand-Mère ne se sentant pas 1e courage d'entreprendre le voyage exigea de ma Mère qu'elle partit avec moi craignant que mes intérêts ne vinssent à souffrir dans La suite d'une plus longue résistance à la volonté de mon Grand-Père. Ma Mère et moi nous partîmes au mois de Mai, ayant donné rendez-vous à mon Père et à ma Sœur que je ne connaissais pas, ce qui lui arrivait également pour ma Mère et pour moi. Notre point de réunion fut à Lyon. Il est impossible de décrire ce que nous éprouvâmes tous les quatre, mais malheureusement pour moi je ne connu le plus aimable des Pères que pour avoir à le regretter sans cesse jusqu'à ce que l’ai eu le malheur de le perdre. Mon Père ayant reconnu dans Mr. Herman de Braamcamp toutes les qualités que jointes à sa fortune lui faisait désirer que je l’épouse, l’engage à venir à Lyon pour savoir si nous nous conviendrions réciproquement. Notre consentiment ayant été donné, Mr. de Braamcamp fut en Suisse y attendre de sa famille de Lisbonne les papiers nécessaires pour conclure notre mariage.

Mon Père, ma Mère, ma Soeur et moi nous nous mîmes en route pour le Languedoc et arrivâmes à Agen près de mon Grand-Père qui malgré son âge avancé conservait son activité et toute la force de son caractère. Mon Père nous quitte de nouveau pour se rendre à Paris, et revint les premiers jours de Février 1806 avec Mr. de Braamcamp.

Le 17 mon mariage fut célébré à Agen par l’Evêque ;  peu de temps après je partis pour le Portugal et mon Père nous accompagna jusqu'à Bordeaux, mais comme j’y tombais gravement malade ma Mère et ma Sœur m'y vinrent rejoindre et y restèrent jusqu'à mon départ qui eu lieu au commencement d'Avril. Nous travessâmes l’Espagne, séjournâmes quelques jours à Madrid et suivîmes notre route pour Lisbonne, où j’arrivais le 18 Mai après une traversée du Tage bien pénible. Je fûs reçu par toute ma nouvelle famille avec toute la recherche et l’amabilité possible. Le même jour de notre arrivée, nous fûmes coucher à notre Maison de campagne à Luz, ou nous nous fixâmes, ne voulant pas déranger la Grand-Mère de Mr. de Braamcamp qui habitait notre maison du Calhariz. nous eûmes le chagrin de perde cette vertueuse et estimable dame le 19 Décembre 1807, et le 19 du même mois, l’armée française entra à Lisbonne; le départ du Roi Jean VI pour le Brésil ayant eu lieu quelques jours auparavant. Mon Mari ayant été nommé, comme propriétaire, de la Députation qui devait se rendre en France, nous nous empressâmes de partir à la fin d’Avril 1808 quoique je fusse grosse de sept mois, nous trouvâmes heureux d'échapper par ce moyen àtoutes les persécutions et désagréments qu'entraîne l’occupation d’un pays par des troupes étrangères. Ma Belle-Soeur Madame de Mello nous accompagna. Nous traversâmes l’Espagne faisant le voyage de la manière la plus pénible, tous les gîtes étant occupés par les troupes.

Nous passâmes à Madrid le jour de l’abdication de Charles IV et rencontrâmes Murat le lendemain qui devait y faire son entrée.

Arrivés à Bayonne nous profitâmes de l’amitié de mon Père avec Mr. de Taleyrand alors Ministre des Affaires Etrangères de Napoléon pour obtenir de nous rendre de suite à Paris, et ne pas attendre l’Empereur à Bayonne ce qui fit que le nom de Mr. de Braamcamp ne figura jamais avec les autres des députés qui avaient été envoyés de Portugal pour demander un Roi de la famille de Napoléon.

Nous arrivâmes enfin à Paris et y retrouvâmes avec un grand bonheur mon Père, ma Sœur déjà mariée à Mr. de Rambuteau, et ma Mère vint également m'y rejoindre. Peu après le 3 Juin 1808 je jouissais du bonheur d’être Mère pour La première fois. Ma fille Adélaïde fut baptisée le lendemain de sa naissance, sa Marraine était ma Grand-Mère de Narbonne qui envoya sa procuration à ma Belle-Soeur, et son Parrain mon Beau-père, envoya la sienne à mon Père. Après que je relevais de couches, ma Mère nous quitta, et je ne l’ai plus revue...

A peu près à cette époque le Ministre de la Guerre, Clark ensuite Duc de Feltre propose à l’Empereur de rendre à mon Père son grade de Lieutenant Général, et de l’employer militairement. Il fût appellé à Vienne au quartier général et ce fut là, sa première entrevue avec l’Empereur Napoléon. Mon Père fut ensuite nommé Gouverneur de Raab jusqu’à la paix de Schoenbrun, puis de Trieste, où il retrouva sa Mère et la détermina à rentrer en France. Bientôt après il fut nommé Ministre plénipotentiaire près le Roi de Bavière.

A son retour à Paris, en congé, l’Empereur le fit son Aide-de-Camp, et ce fut à cette époque que ma Grand-Mère arriva à Paris.

En 1812 il fit toute la Campagne de Russie et en soutint les fatigues avec un courage et une présence d'esprit admirable.

Cette même année, le 2 Octobre, naquit ma seconde fille Louise ; elle fut ondoyée et baptisée lors du retour de mon Père à Paris; c'est lui qui fut Parrain et ma Belle-Mère sa Marraine, qui signa peu de jours avant sa mort sa procuration pour ma Belle-Soeur.

Au commencement de l’année 1813 mon Père fut nommé Ambassadeur à Vienne; il insistait beaucoup pour que nous allions l’y rejoindre; celà décida mon mari à passer en Angleterre pour être plus à portée de recevoir des réponses de son Gouvernement et tâcher d’obtenir l’authorisation que nous désirions. Cette demande de Mr. de Braamcamp ne s’effectua que par le crédit de mon Père, et encore fallut-il me laisser à Paris pour ôtage car il était alors expressément défendu en France à tout étranger de retourner dans son pays.

Ma Belle-Mère étant morte à cette époque ma Belle-Soeur partit avec son frère pour Londres afin de retourner de là en Portugal où sa présence était nécessaire auprès de son Père.

Mon mari ayant apprit à Londres qu’il y avait des craintes d’un renouvel-lement de guerre entre la France et l’Autriche revint de suite à Paris. Là nous apprîmes bientôt successivement les nombreux malheurs qui se suivirent de la guerre.

Mon Père fût nommé à Prague bien inutilement pour négocier la paix... Enfin envoyé à Torgau il y succombe après une chute de Cheval au zèle qu’il mettait à visiter les malades enfermés dans la place.

Ce fut de 17 Novembre 1813 que j’eus le malheur de le perdre. Nous restâmes à Paris jusqu'en 1814 et nous y trouvâmes toutes les inquiétudes d’un siège. De ma fenêtre je vis un boulet de canon passer sur le toit de notre maison. Ensuite nous y vîmes encore l’entrée, Louis XVlII et partîmes après pour Calais, Douvres et Londres: nous y assistâmes à toutes las fêtes que l’on donna aux Souverains Alliés. Nous fîmes ensuite une excursion très agréable dans les environs et partîmes après pour Lisbonne où nous arrivâmes les premiers jours de Septembre. Je me retrouvais avec plaisir dans la famille de mon Mari. Nous nous établîmes dans notre maison de Calhariz ou pendant plusieurs années nous menâmes une vie très tranquille, mon Mari et moi occupés de l’éducation de nos deux filles.

En 1820 Mr. de Braamcamp fût tiré de sa retraite par l’acclamation publique pour venir prendre part à tous les évènements politiques qui se sont suivis; depuis ce moment il eu différents emplois et fut alternativement loué et blamé selon les opinions de chacun, mais s’appliquant toujours avec une conscience droite et le plus grand zèle, à faire ce qu'il croyait son devoir et le bien de son pays.

En 1821 je perdis ma respectable Grand-Mère de Narbonne qui mourut à Paris agée de 87 ans.

Mon mari eu le titre de Baron de Sobral avant la mort de son Père qui mourut au mois d'Août 1828. Ses différents emplois publiques fûrent d'abord en 1820 et 1821 Ministre des Affaires Etrangères et député des Cortes Extraordinaires.

En 1826, sous la Régence de l’Infante D. Izabel Maria, il fût Ministre des Finances, ayant déjà refusé de l’être 3 ans auparavant sous le règne du Roi D. Jean VI parce que le système du Gouvernement d’alors n'était pas selon ses idées. Après le retour de l’Empereur D. Pedro, sous le règne de S. M. La Reine D. Marie II, Mr. de Sobral a été successivement Député, Sénateur, Pair, Vicomte, Comte et enfin Conseiller d’Etat effectif car il l’était déjà honoraire, depuis l’année 1827. Cette dernière grâce lui a été conférée le 24 Décembre 1845 et le premier Février, jour à jamais fatal por moi, une attaque affreuse d'apoplexie est venue mettre terme à la vie la plus vertueuse et la plus honorable possible; et me plonger ainsi que mes filles dans une douleur qui ne peut avoir de terme qu'avec ma vie.

A toutes les grâces que leurs Magestés l’Empereur et la Reine ont daigné conférér à Mr. de Sobral, je dois ajouter celle que j'ai reçue ayant été nommée Dame, le 8 Juillet 1834.

 J'oubliais de dire à propos de ma Grand-Mère que pour être nommée Dame d'honneur de Madame Adélaïde comme il fallait qu’elle eut le titre de Duchesse,on lui donna à choisir que mon Grand père eut le titre de Duc héréditaire, ou qu’il fût nommé Grand d’Espagne, ce qu’elle préféra parce que le titre de Grandesse donne les honneurs de Ducs à La Cour de France et est réversible aux femmes. Mon oncle lui a succédé et au sacre de Charles X ce dernier Duc de Narbonne-Lara a été invité à y prendre place comme Grand d'Espagne, par l’Ambassadeur d’Espagne, quoique mon oncle n’eut jamais payé les frais d'enregistrement qui sont exhorbitants. Maintenant cet honneur est réversible sur moi.

 

Lisbonne, le 26 Avril 1846.

Comtesse de Sobral 

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Histoire de la Duchesse de Narbonne-Lara
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